Le forum de la DAAC

C'est un film dont la critique a beaucoup parlé, ce "petit microcosme parisien" mais le bouche à oreille n'en disait rien ou si peu... et maintenant je sais pourquoi !
Si on est motivé par le sujet, si on est ignare au point d'ignorer l'existence de cette rafle, ou des actes individuels "justes", alors il faut voir ce film.
Si on est sensible à un casting rare, rassemblant les plus grands noms du cinéma français, alors là encore il faut voir ce film.
Si on veut voir Gad Elmaleh dans un rôle inattendu, il faut voir ce film car je ne pense pas qu'il réitère ce choix inattendu d'un rôle dramatique.

Mais si on espère un vrai choix cinématographique, une mise en scène audacieuse, quelque chose qui ne serait pas du déjà vu, alors restez chez vous. Je n'ai rien vu d'original et ce sujet méritait sans doute mieux.

Je l'ai vu samedi, et je l'ai effectivement trouvé cinématographiquement insupportable, confirmant qu'on ne fait pas de bon film avec des bons sentiments. On est loin de Monsieur Klein. Tout y sonne faux, que ce soit la phase d'exposition dans le Montmartre pittoresque, les scènes de bravoure avec les pompiers, la reconstruction hollywoodienne du vélodrome, le coté caricatural de la population, la gentille infirmière, le médecin dévoué. Une avalanche de pathos, soulignée par des violons dégoulinants.

Les classes s'y pressent en masse, tarif spécial et dossiers pédagogiques en ligne aidant, mais ça ne rend pas service au cinéma. J'attends avec impatience l'avis des enseignants d'histoire.

La critique a d'ailleurs assez fraichement accueilli ce film (voir celles de Libé, du Monde ou de Télérama). En prime, la bande annonce pour ceux qui ne l'auraient pas vue (si je l'avais vue, je ne serai pas allé voir le film).


Source http://www.cinemovies.fr

Je partage les 2 avis mais j'y mettrais quelques bémols :

• cinématographiquement rien à dire, c'est basique voir académique mais François pousse un peu loin avec le terme d'"insupportable" : ce film a clairement une vocation pédagogique (et sans les classes qui s'y pressent il aurait surement fait un bide)... mais il est, finalement, mieux réussi que d'autres films ayant cette 'fonction', pensons à la "Révolution Française, les années Lumière" de R. Enrico par exemple ;

• François cite monsieur Klein en opposition. Bien sûr, rien à voir entre Rose Boch et Joseph Losey... Je suis allé voir la Rafle avec 100 élèves de première dont les 2/3 de première STG : ils ont aimé... Je suis allé voir plusieurs fois Mr Klein avec des élèves de STG, il a fallu ramer pour en tirer quelque chose... mais au final cela a été positif ! Donc 1 partout...

• Pour finir, comme prof d'histoire, la Rafle pose la question du cinéma en classe avec cette quadrature : quid d'un film cinématographiquement médiocre mais au sujet prodigieusement intéressant pour le cours ? J'avoue "sauter" sur tout ce qui sort : je suis allé voir (avec élèves) Indigènes, Lettres d'Iwo-Jima, Mr Batignolles, Joyeux Noël, etc. Et j'en tire 3 enseignements :
- le 1er/ le sujet traité est à aborder avec les élèves bien sûr MAIS il est nécessaire d'aborder également les aspects cinématographiques (même si je ne suis pas prof de cinoche)
-le 2nd/ il est nécessaire de replacer le film dans le contexte de son époque (la Rafle entre dans le cadre du "devoir de mémoire" et interroge sur son impact mémoriel - Jo Weismann est vivant et son témoignage est sur la même ligne que le film)
-le 3°/ je crois qu'avec leur prof les élèves peuvent tout voir (de Losey à Jugnot) car après la projection il y a le temps de la classe (travail à faire ; discussion à mener...)...