On peut écrire pour la "Jeunesse" (4ème, 3ème, peut-être même Seconde) d'une belle écriture concentrée des livres ramassés sur eux-mêmes qui bondiront dans la sensibilité des lecteurs pour y laisser des traces durables.
"Le temps des miracles" d'Anne-Laure Bondoux (Bayard Jeunesse) met en scène un petit réfugié du Caucase dont l'ignorance même est attendrissante, parfois bouleversante. C'est l'histoire sans démagogie d'un sans-papiers, Koumaïl/Blaise Fortune, que la guerre et la tendresse humaine propulsent à travers l'Europe jusqu'en France. Une composition nerveuse, efficace qui ménage des moments d'une grande poésie. Récit à la première personne de ce Simplicius Simplicissimus pour qui la souffrance est naturelle, parfois salvatrice, jamais motif d'endurcissement.
"Les larmes de l'assassin" met également en scène Paolo, un enfant chilien, dans des paysages d'une terrible âpreté. Sa vie est à la fois brisée par Angel, l'assassin qui égorge ses parents presque sous ses yeux, comme ça, par habitude et (étrangement) sauvée par ce que cet assassin désespérément sensible lui apprend de la vie, aidé par Luis, l'autre guide, fortuné et instruit. Un ogre affamé d'amour paternel, auquel la société et la justice ne comprennent rien et encore un enfant qui grandit au contact de la terreur mais aussi d'expériences sensibles remarquablement et poétiquement ménagées dans un récit constamment tendu sans jamais tomber dans les lieux-communs de la mièvrerie.
À faire lire et à commenter : une humanité vraie y vibre à chaque page. GGratet
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