Le forum de la DAAC

Bonjour,
Je vais emmener une classe de 5ème voir "La Flèche brisée" le mardi 12 octobre 2010 (l'après midi), or je suis convoquée pour suivre la formation sur ce film le même jour (formation qui aura vraisemblablement lieu le matin).
Cela ne me laisse donc pas la possibilité de bénéficier des conseils du formateur pour préparer les élèves avant la projection (à moins justement d'échanger par l'intermédiaire de ce forum).
J'aimerais en particulier savoir comment aborder le genre du western et ses codes (qu'à mon avis, les jeunes d'aujourd'hui ne connaissent pas très bien, puisqu'il n'est que très rarement diffusé à la télé et encore moins dans les salles).
Pourriez-vous aussi me donner quelques informations sur le procédé du "technicolor" mentionné sur l'affiche (que j'envisage d'étudier avec les élèves)?
Enfin, la dimension "documentaire" du film (évoquée dans la brochure du CNC) est-elle vraiment fiable? quelle est la part de la réalité historique, et celle de la fiction dans ce film?

Merci d'avance pour vos réponses.

Le technicolor est un procédé assez lourd, (apparu dans les années 30, et abandonné dans les années 50), qui consistait à réaliser lors de la prise de vue 3 négatifs noir et blanc simultanément (le flux lumineux divisé en deux par un prisme exposait en fait trois films, un à travers un filtre vert, les deux autres simultanément, après un premier filtre magenta, la dorsale rouge de l'un filtrant la lumière destiné au second), à partir desquels on réalisait un positif couleur, non par un procédé photographique, mais par une sorte d'impression quelque peu similaire à une impression offset, opération délicate, car le calage devait être parfait.

Le rendu des couleurs est assez particulier, souvent saturé, pas très naturel, le matériel complexe et encombrant, et la sensibilité insuffisante, à cause des filtres.

Par contre un des avantages du procédé est que l'original est stocké sous la forme de trois négatifs noir et blancs, ce qui lui assure une excellente conservation, alors que les négatifs couleurs et les films inversibles dérivent dans le temps, et les copies sont elles aussi moins sensibles à l'action du temps du fait du procédé d'impression.

La mise au point de films inversibles (Kodachrome) et de négatifs couleur (Eastmancolor) par Kodak permettant d'utiliser un matériel plus léger, et des chaînes de traitement classique à sonné le glas du technicolor.

(La firme ayant mis au point le procédé ayant pris le nom Technicolor, la mention Color by Technicolor ne veut pas pour autant dire que le film est tourné en technicolor).

Plus de détails ici :
http://www.widescreenmuseum.com/oldcolor/technicolor6.htm

Pour aborder le genre du western et ses codes, que nos élèves ne connaissent effectivement pas, vous pouvez partir de questions très simples, à poser avant d'aller voir le film : Quels personnages figurent dans ce film? Dans quels décors, dans quels paysages apparaissent-ils? Quelles armes sont utilisées par les blancs? Par les indiens? Quels sont les moyens de transport? Quels objets, quels gestes, quelles paroles prennent une importance particulière?
Après la projection, vous pourrez repartir des réponses pour approfondir, en gros, ce que l'on trouve dans l'âge d'or des années 50, soit la quatrième partie de l'histoire du western, moment où ce genre évolue. On peut alors étudier avec une classe, de 6ième ou de 5ième, quelles sont les motivations des blancs, comment réagissent les indiens, qui sont les "bons" et les "méchants". Partant de là, on peut voir que le cinéma ne nous permet pas de lire dans la cervelle de nos personnages mais utilise d'autres codes, pour nous permettre de comprendre ce qu'ils pensent. On peut enfin dans un dernier temps étudier le point de vue du réalisateur sur les Apaches, et voir que ce western se charge de symbolique, notamment au travers des espoirs et des craintes de Jeffords et de Cochise.

François Mondot vous a répondu sur le procédé du technicolor. Je n'ai pas l'affiche, n'hésitez pas à la rapporter, les cordonniers sont parfois les plus mal chaussés, et je ne l'ai pas reçue, pas plus que le dossier CNC à destination des enseignants !

La dimension "documentaire" du film est exacte; il va de soit que la trame amoureuse appartient à la fiction; en revanche, Cochise et Geronimo ont bien existé, la scène de la danse fait intervenir de véritables apaches parmi les figurants.
Le plus important me semble que ce film réhabilite les Apaches en tant que peuple possédant une culture, et qu'il est un plaidoyer pour la paix. Tout l'enjeu du travail avec les élèves peut être conduit par cette idée.

Merci très chère collègue d'avoir posé une question sur ce forum! C'est avec un immense plaisir que je vous réponds.
A très bientôt
Bien cordialement
Pascale Muschinowski